Présidentielles françaises 2012 : premières réflexions et inquiétudes

Publié le par Monsieur Y

Nous sommes à 17 mois des élections présidentielles françaises, et cela peut paraître tellement loin, mais c'est aussi très proche. Il ne se passe plus une semaine ou même quelques jours sans qu'une information quelconque, un sondage, ou des déclarations de pré-candidature ne fassent trembler les agences de presse. Etant donné l'état actuel dans lequel est la France, ces élections s'annoncent cruciales : la France est dans un état épouvantable avec une arrogance sarkozienne à son plus haut niveau, un racisme d'Etat absolument honteux, une oligarchie toujours plus égoïste et sans pitié pour les classes populaires, et un peuple bien que très courageux, battu dans la bataille des retraites. Comme ce fut le cas pour 2007, les mois précédant les élections vont être très importants pour le positionnement des différents candidats. Nul n'a oublié l'hyper-médiatisation des 2 candidats du deuxième tour, ce qui a apporté le désespoir à une France sans véritable option. D'ici à avril 2012, c'est donc l'avenir de la France qui est en jeu jusqu'à un horizon qui pourrait dépasser l'année 2020. Alors, faisons un petit état des lieux.

 

Dans les partis de l'alternance classique, il existe encore beaucoup de flou, surtout à gauche. Le PS devrait enregistrer plusieurs candidats à la candidature, avec François Hollande qui est à peu près certain. Pour ceux qui auraient oublié qui est l'ancien Secrétaire du PS, voici une petite image

 

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et une déclaration : "le syndicalisme que l’on doit combattre, c’est celui de SUD". Il est probable que Martine Aubry sera aussi candidate, mais pourquoi avoir confiance dans une personne qui critique l'initiative BDS contre Israël ? Et puis, il y a évidemment l'incertitude DSK ... Il est aujourd'hui bien difficile de savoir si l'actuel directeur du FMI sera candidat. Ce qui est sûr, c'est que s'il l'est, et vu son potentiel de victoire contre Sarkozy ou un autre, il provoque bien des maux de tête à toute personne de gauche étant donné son libéralisme. On pourrait aussi avoir d'autres candidats, mais cela est bien difficile à savoir aujourd'hui. Si DSK ne se manifeste pas, un autre loup libéral du PS pourrait émerger en la personne de Manuel Valls.

Dans la droite traditionnelle, les choses ne sont pas forcément claires. Il est évident que l'hyper-arrogance de l'hyper-président le conduirait de facto à être l'unique candidat de l'UMP mais sa faiblesse actuelle pourrait voir François Fillon ou un autre venir le remplacer. Au centre, nous aurions évidemment Bayrou, mais qui ne serait plus que l'ombre de lui-même après son score plus qu'honorable de 2007. Il ne pourrait même plus jouer le moindre rôle d'arbitre, ni même voler quelques pourcents à un candidat de droite.

Dans ce qui est l'écologie, les jeux ne sont pas encore faits, mais il semble qu'Eva Joly risque bien d'être candidate des Verts, ce qui n'est pas forcément mieux que Daniel Cohn-Bendit. Ses déclarations sur l'arrogance des Irlandais à propos de leur votre contre le Traité de Lisbonne sont à vomir. D'une manière générale, les Verts sont devenus un parti pro-impérialiste avec pour chef de file un DCB chaque jour plus intolérant et traitant tous ses opposants de laboureurs du FN. C'est probablement le parti le plus européiste de tous, et nous savons ce que cela signifie pour nos droits sociaux.

Dans la droite moins traditionnelle et la droite dure, nous aurons probablement Nicolas Dupont-Aignan pour DLR, et Marine Le Pen pour le FN. NDA est un de ces politiciens qui méritent d'être écoutés. Il a évidemment un discours de droite classique sur l'immigration et la sécurité et ses déclarations sur l'arrêt de l'immigration sont évidemment très criticables, mais sa position sur l'UE, le retour au franc, sa critique du libéralisme, ses prises de position contre les déréglementations et les délocalisations montrent qu'il est un de ces gaullistes qui pourraient apporter de l'oxygène à une France qui a bien besoin de diversité d'opinions. A côté de tout cela, nous pourrions encore avoir d'autres candidats à droite, et notamment Dominique De Villepin pour République Solidaire. Il ne faut pas beaucoup attendre de lui, si ce n'est dans la politique étrangère. Nous avons tous vu sa politique socio-économique avec le CPE.

Enfin, dans la gauche de la gauche, la situation est (une fois de plus) très floue. A l'heure actuelle, rien ne bouge beaucoup du côté de LO, depuis le départ d'Arlette Laguillier. Nous avons bien évidemment aussi le NPA, le PCF, allié ou non avec le PG. Le même débat aura lieu qu'en 2007, après le succès contre le TCE : comment unir la gauche de la gauche ? Il apparaît que l'Histoire s'apprête à vivre encore et toujours la même ironie : la gauche de la gauche qui devrait promouvoir l'union sera le groupe politique français le plus désuni. En effet, le NPA, le PCF, et le PG sont trop désunis, notamment sur le thème de la laïcité, de l'écologie (la vraie), les rapports avec le PS, entre autres. Olivier Besancenot risque fort d'être candidat pour le NPA, mais son discours un peu sclérosé, son opportunisme, son manque de propositions concrètes pourraient réellement prolonger sa perte de vitesse. En ce qui concerne le PCF et le PG, les choses ne sont pas très claires depuis la candidature d'André Chassaigne pour le PCF. Il n'est pas encore très établi que le Front de Gauche sera très uni autour d'une candidature unique qui serait celle de l'étoile montante de la gauche de la gauche : Jean-Luc Mélenchon. Au-delà de ses idées, souvent assez bonnes, le fondateur du PG devra et doit déjà affronter les foudres du pouvoir médiatique.

 

En résumé, vers quoi nous dirigeons-nous ? Probablement une douzaine de candidats, en comptant ceux mentionnés et quelques invités-surprises. C'est un nombre moyen pour la 5º République. Du nom des candidats, des relations avec les médias, de la mobilisation des masses dépendra le résultat de chacun d'entre eux. On pourrait évidemment avoir le duel classique gauche-droite qui n'augure de rien de bon pour la France. Aucun candidat du PS n'est une bonne base pour changer la société française depuis qu'il accompagne la construction européenne. L'UMP ne vaut évidemment pas mieux. Une surprise écologiste, comme celle des européennes 2009, est probablement à exclure, sauf si le score du candidat du PS est vraiment bas, ce qui est toujours possible si le ou les candidats de la gauche de la gauche font de bons scores. La hantise est évidemment de revoir le FN au second tour, surtout quand on connaît la "modernité" de Marine Le Pen, ses talents de manipulatrice, et son discours moins extrémiste que celui de son père. De plus, les différentes campagnes racistes de la majorité ont ravivé le parti frontiste et le racisme dans certaines couches de la population. A la gauche de la gauche, c'est encore et toujours imprévisible, mais si elle parvient à s'unir un minimum autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon, avec de bonnes idées, et une belle défense contre l'oligarchie, alors on pourrait rêver à un score à 2 chiffres. Il sera aussi intéressant de voir si les idées "eurosceptiques" et "altermondialistes" (peu importe le courant) avec la gauche de la gauche et DLR pourraient progresser. Elles sont la base d'une réflexion alternative de la société et un indispensable ballon d'oxygène pour donner plus de liberté à la société française. Et tant que je suis à parler de liberté, j'espère que certains partis se positionneront aussi contre la sionisation de la France.

Sur quoi portent mes inquiétudes, me diriez-vous ? Outre le FN, il y a aussi le risque de voir le désespoir gagner encore plus de terrain. Les Français pourraient encore voir gagner la droite avec le risque de voir la gauche vraiment exploser sous la pression, mais aussi de voir une gauche "sociale-libérale" à la Strauss-Kahn gagner, sur base d'énormes illusions. C'est peut-être pour moi le plus grand danger à long terme. Que la droite ou l'extrême-droite fassent des saloperies, nous le savons tous. Et nous devrions aussi tous savoir que le gauche PS ne résout rien, mais il est insupportable de voir des gens prêts à voter en masse pour une éventuelle candidature Strauss-Kahn alors que celui-ci est directeur du FMI et est à la base de l'appauvrissement de nombreux pays, y compris européens. Ces derniers mois et ces dernières semaines, nous avons pu voir que ce scénario pourrait voir le jour, avec pour conséquences de cruelles désillusions, et un énorme désespoir pour la société française. Il faut donc dès aujourd'hui se battre pour que le PS cesse ce virage à droite, que la vraie gauche l'emporte sur cette tendance afin que la France ne sombre pas plus dans le désespoir, qui serait alors la source de bien des débordements.

Publié dans Douce France

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