De l'espoir en Jean-Luc Mélenchon ? Oui, mais ...

Publié le par Monsieur Y

Certains ont pu voir que j'avais développé ces derniers mois une réelle sympathie pour Jean-Luc Mélenchon. Voilà enfin un homme de gauche qui parle d'une manière forte (et qui parle super bien !) pour dire combien il déteste le capitalisme, les grands patrons, les banques, et tous ceux qui se goinfrent sur le dos des travailleurs. De plus, il s'est plusieurs fois attaqué aux journaleux bien-pensants, race que j'exècre, surtout en ce moment. J'adore ses discours à la Jaurès, son énergie, ses propositions, sa verve, sa sympathie pour les leaders d'Amérique Latine, et sa critique envers la propagande anti-chinoise à l'époque des Jeux Olympiques. De plus, ces derniers temps, il est de plus en plus fusillé par "les importants", comme il dit. Quelqu'un qui est critiqué par l'appareil politico-économico-médiatique au pouvoir, je ne peux que l'aimer. Je ne sais pas si je voterais pour lui en 2012 si j'étais amené à devenir français, mais bon ... J'ai regardé avec attention les scores du Front de Gauche aux régionales, et j'ai eu matière à sourire.

 

Alors, évidemment, quand on parle de Mélenchon, on ne peut s'empêcher de penser à son passé, et à son combat au PS, et son poste de Ministre de l'Enseignement Supérieur dans le gouvernement de Lionel Jospin. Evidemment, sur un CV, ça fait pas agréable. Jospin a beaucoup privatisé, a eu un Ministre nommé Claude Alègre qui s'est moqué des profs, et qui est maintenant un climato-sceptique enragé, a déclaré "que la politique ne pouvait pas commander à l'économie", n'a rien fait pour régler le problème des sans-papiers, et a poursuivi "la construction européenne". En 2008, Mélenchon a quitté le PS pour fonder le PG et son discours s'est depuis radicalisé. Tant mieux ! Pour répondre aux critiques que j'ai pu lire sur cet engagement de 30 ans dans un parti qui a trahi ses bases, je dirais tout simplement que Mélenchon avait probablement du suivre la discipline du parti, et que maintenant il se libère. Cela étant dit, il est regrettable de sa part de parfois faire référence au Gouvernement Jospin d'une manière positive quand il rappelle que sous le gouvenement de gauche plurielle, les déficits ne s'étaient pas creusés. J'ignore si cela est vrai, mais si c'est pour dire que la politique de Jospin était bonne, je dis NON ! J'ose espérer que M. Mélenchon a plus de critique par rapport à cette période-là.

Il y a d'autres critiques qu'on pourrait faire à Mélenchon. Notre camarade est un fervent républicain. Ce n'est pas bien grave, mais si c'est pour la sacraliser jusqu'au point de vouloir museler des idéologies "anti-républicaines", je ne suis pas d'accord. Mélenchon est une des rares personnes de gauche pour l'interdiction de la Burqa, mais aussi pour l'interdiction du Front National ! Eh bien désolé, mon petit Jean-Luc, mais moi, j'aime la liberté d'expression, et interdire la Burqa est une connerie intolérante et l'interrdiction du FN, c'est extrêmement dangereux. Après, qu'est-ce qu'on interdira ?

Plus globalement sur le thème de la religion, j'ai aussi été déçu par 2 de ses positions : la première, c'est celle sur Ahmadinejad qu'il critique vertement pour sa théocratie. On peut penser ce qu'on veut de ce type, mais sur le plan international, qui devrait être le seul aspect analysable pour des mecs comme nous, il peut être intéressant. M. Mélenchon ne devrait pas oublier que Mahmoud a tissé des liens avec l'Amérique Latine progressiste, tellement vénérée par le camarade du PG. Si l'Iran tombe, c'est un allié de Chavez et Compagnie qui tombe, et donc indirectement une menace de plus pour le camp de la paix et du progrès. La dernière chose, qui est probablement la plus décevante, c'est sa réaction par rapport à la présence de manifestants "islamistes" dans les cortèges de protestation face à l'ignonimie de Gaza. Alors que ces personnes avaient intégré le cortège, Mélenchon a décidé d'en sortir car, à ses yeux, "le politique ne manifeste pas avec des religieux". M. Mélenchon, à ce rythme-là, vous risquez de ne pas souvent manifester contre la politique de dégueulasse d'Israël car beaucoup de musulmans se sentent offensés parce qu'il se passe là-bas, et sans penser à une éventuelle récupération politico-religieuse.

 

Voilà donc les réserves que je voulais émettre par rapport à ce personnage. Cela n'enlève rien à la sympathie réelle et sincère que j'ai pour lui. J'espère qu'il continuera son combat, qu'il sera fidèle à ses idées et à ses électeurs, et que s'il doit chercher des alliances dans la gauche de la gauche, il ne fera pas le con sectaire.

Publié dans Douce France

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