L'insécurité et la grève de Seattle

Publié le par Monsieur Y

Les politiciens aiment beaucoup parler de sécurité et d'immigration pour satisfaire leur électorat et occulter les vrais problèmes comme la pauvreté et le chomage. Cela ne veut pas dire que parler d'insécurité est impossible quand on est de gauche, mais cela dépend comment. Je fais partie de ceux qui pensent que l'insécurité ne se combat pas avec des caméras, des armes, et des lois, mais en allant à la racine du problème, notamment sur les plans économique, social, et même moral. En effet, comment espérer ne pas avoir de délinquance si les politiciens eux-mêmes sont des voleurs. Cela me fait rappeler un déplacement de Jacques Chirac en banlieue parisienne, à Mantes-la-Jolie je crois, et où les jeunes l'avaient traité de voleur (en référence aux affaires de la Mairie de Paris) au moment où il prônait la fermeté contre la petite délinquance.

Mais quand je pense à l'insécurité et à la manière de la traiter dans une société alternative, je pense souvent à ce que nous disait feu Howard Zinn sur la grève de Seattle de février 1919. Dans son magnifique livre "Histoire populaire des Etats-Unis", le grand historien américain nous raconte comment les choses se sont passées :

 

"Une milice ouvrière constituée de vétérants de la récente guerre fut chargée d'assurer le maintien de l'ordre. Dans l'un des quartiers généraux de cette milice, on pouvait lire sur un tableau que son but était de maintenir la loi et l'ordre sans avoir recours à la force. Et encore : aucun volontaire ne jouira de prérogatives policières ni ne sera autorisé à porter d'armes d'aucune sorte. On usera exclusivement de persuasion. Pendant la grève, la criminalité diminua. Le commandement du détachement militaire envoyé dans la région confia aux grévistes qu'en 40 ans d'expérience militaire il n'avait jamais vu une ville aussi calme et aussi bien gérée. L'Union Record de Seattle (un quotidien édité par les travailleurs) publia un poème :

 

Ce qui les effraie le plus

c'est que RIEN NE SE PASSE !

Ils s'attendent

à des EMEUTES,

possèdent des mitrailleuses

et des soldats,

mais ce SILENCE SOURIANT

les inquiète.

Les hommes d'affaires

ne comprennent pas

ce type d'arme.

[...]

Mon frère, c'est ton SOURIRE

qui ÉBRANLE

leur confiance dans les armes !

C'est la benne à ordures

marquée

"EXEMPTÉE par le COMITÉ".

Ce sont les distributions de lait

qui s'améliorent chaque jour,

et les trois cents

ouvriers vétérans de la GUERRE

maîtrisant les foules

sans FUSILS.

Car toutes ces choses parlent

d'un NOUVEL ORDRE possible

et d'UN NOUVEAU MONDE

dans lequel ils se sentent

ÉTRANGERS.

 

A l'origine, la grève de Seattle avait été décrétée pour une augmentation de salaire. Les syndicats de l'AFL et de l'IWW s'étaient alors unis, et la ville était pratiquement auto-gérée par les travailleurs. Les besoins de première nécessité, notamment dans la santé, étaient assurés par les travailleurs et les véhicules autorisés à se déplacer portaient l'inscription : "Exempté par le comité de grève". "35 postes de distribution pour le lait furent installés dans les quartiers et 30.000 repas étaient préparés quotidiennement dans d'immenses cuisines, transportés dans les cantines collectives éparpillées dans toute la ville. La viande, les pâtes, le pain et le café étaient servis sans compter."

 

Au bout de 5 jours, la grève cessa à cause du manque de soutien, mais elle montre que des travailleurs peuvent non seulement gérer une ville grâce à leur intelligence, mais en même temps résoudre les problèmes d'insécurité avec des méthodes beaucoup plus constructives que celles de nos politiciens, qui sont les seules à êtres utopiques.

Publié dans Fuck the system

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