Restent des pointillés ...

Publié le par Monsieur Y

Hier, j'ai appris le départ du guitariste de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay, pour certains désaccords avec les membres du groupe, et notamment Bertrand Cantat. Il semble que l'affaire de Vilnius laisse encore des traces. On avait pensé que le retour à la vie civile de Cantat, ses apparitions sur scène et aussi des autres membres du groupe à certaines occasions avaient laissé penser que l'affaire Trintignant était "oubliée", mais visiblement, elle a eu encore plus d'impact qu'on croyait. Bref, toute la journée de hier, et encore ce matin, j'avais en tête de faire ce petit billet en m'interrogeant sur la suite de Noirdez'. J'étais à mille lieux de penser pendant ma promenade urbaine de ce 30 novembre 2010 que cette date allait devenir un jour de deuil pour tout le rock français : suite au départ de Serge, Noirdez s'est dissout, a annoncé le batteur Denis Barthe. Et un monde s'effondre. 15 ans de passion pour les Bordelais. 25 ans d'une aventure humaine et musicale. Une référence pour de nombreux artistes français. La disparition de Bashung avait déjà été dure à supporter. Celle-là le sera autant.

Je ne vais pas m'interroger sur les problèmes que ND connaissait, selon STG. Hier et encore aujourd'hui, je pensais vraiment que ND pouvait continuer. Evidemment, Teyssot-Gay est un magnifique guitariste, mais beaucoup de groupes avaient perdu un membre fondateur talentueux dans le passé, et cela ne les a pas empêchés de continuer. Donc ici, les problèmes semblent vraiment sérieux, mais seuls eux savent ce qu'il se passe réellement.

Que retenir de Noir Désir ? Je les ai connus en 1995 avant d'entrer à l'Université. Et c'était peu de temps avant la sortie du fameux "666.667 Club". De cet album, je retiens les "Un jour en France", "Comme elle vient", et "L'homme pressé", mais certainement aussi beaucoup d'autres. Du dernier album studio, je retiens surtout la reprise de Léo Ferré, chanson tellement lyrique et simple à la fois, à 1000 lieux du rock "écorché vif" de Noirdez. Tiens, à propos de cette chanson, il paraît qu'elle avait élue meilleure chanson du groupe par les fans. Ok, ca tue bien, mais moi j'ai vraiment flashé sur la version Live de "Oublié", extrait de l'album Live "Dies Irae" :

 

 

C'est dans ce genre de document qu'on peut voir l'énergie phénoménale dégagée lors des concerts du groupe bordelais. Directement inspiré des Clash ! Cependant, il a fallu attendre 2001 pour que je puisse voir le groupe en concert. C'était à Toulouse quelques jours après l'explosion d'AZF. Cantat avait déjà épinglé le patron Total de l'époque, Monsieur Desmaret, "Un homme pressé", selon le chanteur. Et puis ce fut un triptyque majestueux en 2002, au moment des élections présidentielles françaises, le soir du deuxième tour à Bruxelles, quelques jours après à Paris, et en été au Francopholies de Spa. Dans la ville thermale, il m'était impossible pour moi de savoir que ce serait le dernier concert de Noirdez auquel j'allais assister. Durant l'été 2003, il avait été programmé d'autres concerts du groupe, et puis ... le drame. Comment ? Bertrand Cantat, ce génial poète, cet homme engagé, intègre, passionné, frappa sa compagne du moment jusqu'à lui provoquer la mort. Il paraît que sur le moment, j'avais été scandalisé (Je dis "Il paraît" parce qu'en fait je ne m'en souviens plus et c'est un ami qui m'a rappelé ma réaction première), mais cela ne dura guère. Une meute de chiennes féministes sectaires et haineuses s'empara de l'histoire et en fit une affaire de principe pour la défense des femmes. C'est tellement facile de donner des leçons à un gars, surtout si c'est un rebelle d'extrême-gauche. BHL s'y était mis aussi, établissant un lien entre cette violence et sa tournée au Moyen-Orient en soutien aux Palestiniens. N'importe quoi !
Avec la dissolution de Noir Désir, c'est vraiment une époque qui s'achève. Quand une personne un peu différente de notre société actuelle s'en va, c'est chaque fois un peu de nous-mêmes et de notre rébellion qui s'évanouit. Une référence s'en va, et avec elle notre passion, notre motivation, notre espoir. Noir Désir nous faisait vibrer avec ses chansons et nous donnait envie de nous battre contre ce système injuste. La disparition du groupe est comme un phare qui s'éteint, le phare du rock rebelle et conscient qui guidait nos pas dans un océan de résignation et de cynisme. Il faudra continuer à écouter leurs chansons pour ne pas s'y perdre, ne pas être emporté par le vent et être en route pour la joie.
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