Le BHL latino-américain
Mario Vargas Llosa a gagné le Prix Nobel de Littérature. Après la surprise, après les premiers cris de joie de mes hôtes péruviens, je n'ai pas pu m'empêcher de grimacer. Je n'aime pas du tout Mario Vargas Llosa. Et vous allez très vite comprendre pourquoi.
MVLL, comme on l'appelle, a énergiquement soutenu un certain Jose Maria Aznar, Premier Ministre fasciste de l'Espagne. Tellement soutenu qu'il répète presque systématiquement ce que dit ce Franco du 21º siècle. D'abord, il a soutenu l'invasion impérialiste de l'Irak par les Etats-Unis, soutenus par l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, et d'autres pays. Il a comparé Saddam à Hitler et trouve qu'on aurait dû faire la même chose à Adolf qu'à Saddam : une guerre préventive pour éviter l'apocalypse. Le discours anti-Munichois, en somme. Il a aussi déclaré, comme Aznar, qu'en Amérique Latine, ce sont les Indiens qui sont racistes contre les Blancs. On croit rêver. A ce sujet, il a aussi estimé que les Indiens "ne savaient pas vendre". Cela me rappelle les bons discours du Sup Marcos qui défendaient l'identité chiapanèque contre les politiques néo-libérales mexicaines qui voulaient transformer les locaux en boutiquiers.
MVLL est évidemment aussi un grand défenseur des privatisations. Pour cela, il n'a pas hésité à montrer son admiration pour une certaine Margareth Thatcher : "Madame, il n'y a pas assez de mots dans le dictionnaire pour vous remercier dans le combat pour la liberté". Bien sûr, il vomit le Vénézuéla et les autres pays qui vont contre les processus de privatisations, s'attaque aux monopoles publics (mais pas aux monopoles privés), et estime qu'Alan Garcia, le dictateur péruvien, fait un sans faute dans sa politique gouvernementale. Il a comparé Chavez à Hitler, tout en ajoutant que "ce n'était pas une insulte" ...
Evidemment, on pourrait dire qu'on a décerné le Prix Nobel de Littérature, et non de la Paix à MVLL. Oui, sauf que l'écrivain péruvien a déclaré que la littérature et la politique étaient indissociables, ce qui est sans doute vrai. De plus, Vargas Llosa est plus lu présent aujourd'hui pour ses articles politiques que ses écrits littéraires.
Alors non, moi, je ne suis pas content. Evidemment, si je devais crier ceci tout haut dans la capitale péruvienne, je me ferais lyncher et peut-être même déporter par la droite péruvienne, si démocratique. Heureusement, il y aura toujours le blog Peruanista. Gracias, Carlos !